Initiation à la paléographie 2

Comme promis je vais répondre à la question : un paléographe, qu’es aquò ?
Vous avez peut-être développé des compétences de paléographe sans le savoir ! Qui n’a pas eu une ordonnance délivrée par un médecin qui, pressé par les contraintes de sa profession, écrit très rapidement des mots formés, pour ses lecteurs, de façon inhabituelle. Nous traduisons ça par un “ Qu’il écrit mal !” murmuré en entrant dans la pharmacie. En réalité ce médecin écrit avec ses habitudes, prises au fil de la répétition de son geste pour graphier les mêmes mots.
Alors le pharmacien et vous, vous exercez votre sagacité pour “décrypter” l’ordonnance. Vous observez, vous comparez les lettres de mots que vous avez compris avec celles de mots que vous ne comprenez pas encore; vous faites des hypothèses que vous soumettez à évaluation (possible ou pas que le médecin prescrive 20 cachets de Doliprane par jour ? c’est plutôt “2” non ?); vous “devinez” le sens des mots les plus usuels, selon leur place dans l’ordonnance, etc.
Par ailleurs il faut savoir et accepter la chose suivante : toute langue, dans sa forme orale et graphique, évolue sans arrêt. Voire notre langue actuelle, le français chez nous, a pu en remplacer une autre.
Dans les régions du sud de la France on a parlé la langue occitane (d’Òc si vous voulez, mais non ! Pas le patois (regardez la définition de ce mot)! Et ceci depuis la formation des langues romanes issues du latin venu se surimposer à des langages encore antérieurs (celtes, autres, etc.) jusqu’à, en gros, le début du XXe siècle.
Je l’ai déjà dit : une langue, ça bouge sans arrêt. La façon d’écrire cette langue – qui bouge – bouge elle-même, sans arrêt. On ne forme pas les mêmes lettres au VIe, XIIe et XVIIe siècle de la même façon; leur forme alors peut être très éloignée de leur forme contemporaine (celle à laquelle nous sommes habitués et que nous pouvions croire “éternelle”).
Un paléographe, armé de ses bons yeux (ou de ses bonnes lunettes), de sa jugeotte et de quelques notions (acquises) de la langue parlée dans la région d’où provient le document à lire, un paléographe, donc, déchiffre et cherche à comprendre un document écrit à des époques anciennes.
Paléo = ancien, graphie : écriture – (en gros).
Une prochaine fois je vous donnerai des exemples de la graphie caractéristique du XVII siècle, issus de documents moissagais bien sûr.

 

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