Prochainement une nouvelle rubrique va être créée sur le site de 3AM avec des articles de Christophe Larrocan. En voici la présentation :
PER L’OCCITAN : par et pour l’occitan Chère lectrice, cher lecteur, Afin d’ouvrir cette rubrique « per l’occitan », je commencerai par me présenter à vous avec ce qui me paraît essentiel à retenir ici. Enfant aux origines paysannes gasconnes en Lomagne, j’ai pu entendre vivre tout un monde m’environnant dans les deux langues qui sont les miennes. L’une, française, m’était maternelle et celle de l’école. C’est celle dans laquelle j’ai pu apprendre à lire et écrire. De l’occitan, ma famille ne m’en a jamais dit le nom. C’était du « patois », du « gascon » et je m’en contentais. Ma grand-mère maternelle est entrée à l’école en ne parlant pas encore le français. Elle en fut placée en quarantaine, le temps nécessaire pour en savoir davantage. La méthode pédagogique choisie peut nous paraître aujourd’hui limitée. Elle était l’ordinaire. Et à la décharge de ma collègue d’un autre temps, peu l’incitait à faire autrement. D’autre part, j’ai pu apprendre de ma grand-mère paternelle le dire de l’hirondelle : « Jo te diui e tu me diues. Tu me diues e jo te diui. Tu me pagaràs e jo te pagarei E serem quitis ! ». Côté maternel, je n’ai jamais, sans une présence extérieure, entendu mes grands-parents parler une autre langue. Et dans leur dialecte gascon, ils m’ont nourri, sans le vouloir et sans que j’en ai conscience, d’un regard sur le monde qui échappait aux apprentissages scolaires. Ainsi, à toute idée de réussite sociale. Par exemple un dicton très utile « Quand le Ròc de Ràfi es sus Montaïn, avèm la plèja avant doman matin. ». Le « Ròc de Ràfi » étant le nom d’un nuage qui ne nous a jamais menti pour annoncer, effectivement, la venue de la pluie. Avant le lycée, je n’avais rien reçu d’occitan ou presque. Seule Madame Baqué, maîtresse de CP, pour qui j’ai gardé des souvenirs pleins d’affection, nous enseigna que notre village de banlieue toulousaine se disait : « Tornafuèlha, ou, Tornahuèlha ». Elle avait, je crois, parlé de « langue d’oc ». Au collège, monsieur Poteau nous présenta « Bélibaste », le dernier parfait cathare. Son cours faisait échos à des magazines qu’on trouvait chez les buralistes, à une BD (Aymeric et les Cathares et Aymeric à Montségur) – un lien entre le passé, le présent et le futur. Arrivé au Lycée Michelet à Montauban, j’ai enfin pu recevoir, en très peu d’heures, tout le nécessaire d’ouverture à des savoirs et savoir-faire qui me manquait. Monsieur Lézan, m’a donné une conscience occitane. Il m’a d’ailleurs permis de faire le lien entre un petit livre, héritage familial, intitulé « Contes populaires de la Vallée du Lambon » et toute une littérature. L’instituteur de mon arrière-grand-père paternel y avait inscrit son nom. Il s’appelait Antonin Perbosc. Ayant aujourd’hui 50 ans, je suis bilingue-français occitan. C’est pour moi une chance. La rubrique « Per l’occitan » sur le site de A3M n’aura pas d’autre ambition que de la partager. Pour cela, je vous proposerai des articles écrits le plus possible en occitan, pour aller à la découverte de cette belle ville de Moissac telle qu’elle est et pourra être. Plan coralament Cristòl Larrocan