Dans le dernier Moissac mag (juin 2021, page 6) Sophie Lopez, élue adjointe aux affaires culturelles et au patrimoine, nous dit que « la culture n’est ni de droite ni de gauche ». Nous sommes tellement d’accord avec vous, madame Lopez, lorsque vous assignez à la culture la mission de faire « se rencontrer l’art, la littérature, la science, l’histoire… ». Nous serions plus nuancée sur la distinction que vous faîtes entre « les hautes pensées » et les « inspirations populaires » (?). Et nous remplacerions volontiers le concept de « mémoire » par celui d’ « histoire ».
Venons-en au fait : l’équipe municipale à laquelle vous appartenez veut « surseoir » à la mise en place d’un nouveau musée de Moissac dont vous avez trouvé le projet, tout ficelé -fruit du travail d’équipe de plus d’une décennie- à votre arrivée aux responsabilités. Le vote des moissagais fut tellement clair que vous pouvez en effet balayer d’un revers de main toute divergence de vue sur tel ou tel point. Pourtant, si votre décision a été prise en conscience pour servir le bien commun, pourquoi usez-vous, madame Lopez, d’arguments sinon fallacieux, du moins bien peu étayés pour qui connaît les coulisses du dossier?
-Le futur musée serait « trop coûteux » -dites-vous-: certes cet investissement, participant sur le long terme à l’attractivité de Moissac, a un prix. Mais, vous le reconnaissez à demi-mot, le niveau de subventionnement prévu était exceptionnel, la part communale, gérable sur quelques années se réduisant à une dépense annuelle située entre 200 et 300 000 €. Nous croyons savoir que c’est seulement dix fois le prix de la restauration prévue pour la vierge du Calvère… Vous ajoutez que les subventions sont « aussi l’argent du contribuable »: cette remarque de bon sens s’applique, reconnaissez-le, à toute opération subventionnée. Notre nouvelle municipalité se privera-t-elle donc de demander des subventions?
-Le musée projeté serait selon vous « un processus qui aurait entraîné une augmentation significative des dépenses de fonctionnement » ». Or le premier souci du projet (abandonné donc) dans l’aménagement des espaces muséaux, articulés avec la visite du cloître, était de pouvoir gérer le nouvel établissement sans augmenter le nombre de salariés du service patrimoine municipal. Bien sûr ce projet n’est envisageable qu’avec un poste de conservateur. Il y en avait un à votre arrivée, madame Lopez…
-Vous invoquez la richesse patrimoniale moissagaise et le nombre de « priorités » (tribunal, église Saint-Jacques, etc.) pour renoncer au nouveau musée modernisant en outre la visite du site de l’ancienne abbaye. Permettez-moi de relever votre absence d’originalité en la matière : voilà trente ans – à l’exception notable de certaines élues de la dernière municipalité- que le manque d’ambition pour l’abbaye Saint-Pierre, classée parmi les Biens UNESCO, est habillé d’un pudique : « il y a tant de priorités à Moissac! ». Ou bien le sens du mot « priorité » m’a échappé ou bien la multiplication des priorités revient bien en n’en avoir aucune. Et à faire de tout…un peu!
-Où l’on a vu que les arguments économiques étaient peu étayés… Le rejet du projet de musée-site aurait-il des motivations d’ordre idéologique? Participer à écrire et faire connaître l’histoire de la France au travers de l’histoire de notre commune et de son abbaye fondatrice, dans un lieu témoin des racines de notre civilisation dont la beauté est mondialement reconnue, est-ce de droite ou est-ce de gauche ?
Visiteurs du site « 3AMoissac », puisque décidément le nouveau musée de Moissac n’ouvrira pas, je vous propose, en mode feuilleton, de vous le faire visiter virtuellement, au long des articles à venir. A bientôt!
Chantal Fraisse
Dommage ! Je comprends votre grande déception… Il y a tant de trésors à exposer à Moissac !
Chantal,
L’abandon, souhaitons-le provisoire, du projet de musée est certes regrettable. Mais s’il permet à votre site de fédérer des initiatives pour faire connaître en profondeur cette abbaye, d’être le Lagrèze-Fossat du XXIe siècle, nous aurons marqué un point important.
Je voudrais souligner également que Moissac n’est pas que tarn-et-garonnais mais rayonne sur une grande zone du Sud-Ouest. Ce projet doit donc être inter-régional.
A nos plumes !
Amicalement, Pierre SIMON